Développant sa réflexion sur la fin de l'Histoire, Virno propose une analyse du temps historique appuyée sur les concepts de puissance et acte, couple vénérable s'il en est de la réflexion philosophique.
Mais la temporalisation de ces deux concepts permet de faire surgir une évidence, bouleversante si on l'étend à différentes sphères et en particulier à celle du travail : ce que les adeptes d'une fin de l'Histoire parviennent à mettre en œuvre, à travers ce qui n'est que l'effet d'une pathologie de la mémoire, c'est la négation de ce qui sous-tend la puissance. Et l'enquête menée autour du concept de force de travail prend une dimension toute particulière, dès lors qu'elle montre à quel point le déni d'une historicité du temps n'est que l'outil qui permet de faire l'économie de ce qui est porteur de la seule puissance, cible privilégiée de la société capitaliste, à savoir l'individu en tant que corps vivant et producteur de force de travail.
La magistrale et précise analyse de Virno est sans appel. Elle balaye nombre de méprises et met au jour l'insupportable violence qui sous-tend en particulier la conception heideggérienne de l'historicité ayant ses racines dans la mort.
Paolo Virno (1952) enseigne la philosophie du langage à l'Université de Rome. Aux Éditions de l'éclat ont paru plusieurs de ses ouvrages depuis 1991 : Opportunisme, cynisme et peur (1991), Miracle, virtuosité et 'déjà vu' (1996), Grammaire de la multitude (2002), et Et ainsi de suite. la régression à l'infini et comment l'interrompre (2013).
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